LEAVeS est écrit comme un scénario et se déroule tel un film. Tout au long du spectacle, par un jeu de caméras, le public assiste au visible et participe par son empathie à l’invisible de ce qui se joue sur scène. Il débarque à Lesbos dans une tente de la Croix Rouge, accueilli en état d’urgence, recevant les premiers secours comme lors d’un débarquement de primo-arrivants. Il est soumis au protocole européen de reconnaissance et de répartition dans les camps pour être transféré vers ceux-ci. Il se retrouve malgré lui embarqué dans une migration forcée, un voyage filmé et documenté avec pour compagnons de fortune les comédiens. Ils se découvrent ensemble dans les news, se retrouvent tagués sur Facebook, en première page dans les journaux et protagoniste du tournage d’un documentaire « … de propagande commandité par Frontex sur la bonne gestion des frontières extérieures de l’Europe ». Mais ce film va se révéler impossible à réaliser : la vision stéréotypée des producteurs ne rencontre pas l’expérience de la réalisatrice et grince avec le concret de la réalité.